Vitalie GAMURARI, docteur es droit, maitre de confĂ©rences (ORCID: 0000â0003â3634â8554)
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Political Parties in the Process of Democratization and Transition: a Perspective from International Law To a large extent political parties are mirrors of societies. Hence, the analysis of their functioning, as well as their leaders, needs to be conducted considering decades, if not centuries, of social relations. It is quite difficult to imagine political parties following Western standards in a patriarchal society influenced by centuries by of Oriental thinking. This is also the case of the Republic of Moldova. Key words: political party, leader, democracy, authoritarianism, evolution. |
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Partidele politice Ăźn contextul democratizÄrii societÄÈilor Ăźn tranziÈie Ăźn lumina aportului adus de dreptul internaÈional Partidele politice Ăźn mare parte sunt oglinda societÄÈii sale de unde Èi analiza funcÈionÄrii, inclusiv a conducerii acestora, trebuie fÄcutÄ Ăźn contextul relaÈiilor sociale constituite timp de decenii dacÄ nu chiar secole. Or, este destul de dificil de a ne imagina o funcÈionalitate a partidelor politice dupÄ modelul occidental, Ăźn condiÈiile unei societÄÈi patriarhale, influenÈate timp de secole de o gĂąndire orientalÄ, cum este Èi cazul Republicii Moldova. Cuvinte cheie: partid politic, lider, democraÈie, autoritarism, evoluÈie. |
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Les partis politiques sont en grande partie le miroir de sa sociĂ©tĂ© dâoĂč et lâanalyse de leur fonctionnement, y compris leur leadership, doit se faire dans le cadre de relations sociales Ă©tablies depuis des dĂ©cennies sinon des siĂšcles. Cependant, il est assez difficile dâimaginer une fonctionnalitĂ© des partis politiques selon le modĂšle occidental, dans les conditions dâune sociĂ©tĂ© patriarcale, influencĂ©e pendant des siĂšcles par une pensĂ©e orientale, comme câest le cas de la RĂ©publique de Moldova. MotsâclĂ©s : parti politique, leader, dĂ©mocratie, autoritarisme, Ă©volution. |
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Introduction
Le rĂŽle des dirigeants politiques dans une sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© et demeure celui qui influence la vie politique de cette sociĂ©tĂ©. De toute Ă©vidence, il y a souvent une diffĂ©rence fondamentale entre leur rĂŽle dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique et autoritaire. Les Ătats, y compris ceux qui ont des traditions dĂ©mocratiques de longue date, ont rencontrĂ© des dirigeants politiques qui, grĂące Ă leurs capacitĂ©s personnelles et Ă leur charisme, ont pu rester au pouvoir pendant des pĂ©riodes qui ont eu des effets sur les sociĂ©tĂ©s respectives. Malheureusement, les sociĂ©tĂ©s qui nâavaient pas de traditions de dialogue politique civilisĂ© se sont effondrĂ©es assez rapidement dans le chaos, ce qui, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, a conduit Ă lâinstauration dâun rĂ©gime autoritaire, voire dictatorial.
Les faits mentionnĂ©s sont en relation directe avec la direction des partis politiques. Cependant, le facteur des traditions dĂ©mocratiques a un rĂŽle particulier dans lâĂ©tablissement de la discipline au sein des partis politiques des Ătats respectifs, et avec dâautres facteurs, tels que la tolĂ©rance aux opinions exprimĂ©es, lâouverture au dialogue au niveau des partis, mais aussi entre les partis, le niveau de lâimplication de la sociĂ©tĂ© dans la vie politique, etc., influence lâensemble du systĂšme politique de lâĂtat concernĂ©.
Lâautoritarisme dans le contexte des partis politiques
Lâautoritarisme peut ĂȘtre caractĂ©risĂ© comme un systĂšme de pouvoir politique, dans lequel les procĂ©dures dâadoption des dĂ©cisions dĂ©mocratiques manquent ou ont un caractĂšre fictif. Le trait dâune personnalitĂ©, qui, Ă son tour, se reflĂšte dans le dĂ©sir permanent de dĂ©tenir le pouvoir sur les autres, en mĂȘme temps dans le dĂ©sir de trouver la source du pouvoir suprĂȘme qui aurait Ă©tĂ© un fondement Ă cet Ă©gard.
Bien que la confiance philosophique dans lâautoritĂ© religieuse ou politique soit certainement liĂ©e Ă lâautoritarisme, elle concerne principalement les dĂ©sirs et sentiments personnels et se concentre sur la position de lâindividu dans la hiĂ©rarchie des autoritĂ©s.
Le terme «autoritarisme», malgrĂ© sa diffusion, nâest pas strictement dĂ©terminĂ©. Nous devons reconnaĂźtre que le monde de lâautoritarisme est plus riche et plus diversifiĂ© par rapport au monde de la dĂ©mocratie, un fait que lâon retrouve dans lâhistoire et la contemporanĂ©itĂ©. Ainsi, si les systĂšmes dĂ©mocratiques, quelles que soient les diffĂ©rences existantes, sont unis par la prĂ©sence de la procĂ©dure Ă©lectorale compĂ©titive, les rĂ©gimes autoritaires ne peuvent pas se vanter de quelque chose qui, Ă son tour, les aurait unis dâun point de vue de principe.
En mĂȘme temps, lâautoritarisme doit ĂȘtre dĂ©limitĂ© du totalitarisme, y compris lorsque nous nous rĂ©fĂ©rons aux dirigeants des partis politiques. MĂȘme si lâautoritarisme est considĂ©rĂ© comme une continuitĂ© du totalitarisme, il se caractĂ©rise par le fait quâil donne naissance Ă une nouvelle forme qualitative du rĂ©gime politique avec ses caractĂ©ristiques spĂ©cifiques, ses institutions, ses principes de stabilisation et dâexercice du pouvoir. Contrairement au totalitarisme, lâautoritarisme nâest pas libre dans lâexercice de son pouvoir. Dans la sociĂ©tĂ©, les institutions qui prĂ©sentent un danger pour le rĂ©gime sont prĂ©servĂ©es : famille, Ă©glise, classe sociale, culture urbaine et rurale, mouvements sociaux et associations. En dâautres termes, il existe dans la sociĂ©tĂ© un fort potentiel de formation et dâactivitĂ© de groupes politiques dâopposition. Câest pourquoi, dans le cas de lâautoritarisme, lâopposition existe gĂ©nĂ©ralement, bien quâelle diffĂšre sensiblement de lâopposition dans les conditions de la dĂ©mocratie. Ce qui distingue les oppositions dans lâautoritarisme et la dĂ©mocratie, câest le niveau de tolĂ©rance envers le groupe politique au pouvoir. Le manque de tolĂ©rance donne lieu Ă une rĂ©action adĂ©quate de lâopposition â lâobjectif principal de son activitĂ© est dâĂ©liminer le rĂ©gime de la scĂšne politique. Il est Ă©vident que les moyens choisis pour cela ne sont souvent pas lĂ©gaux et entrent en conflit avec ce qui est officiellement reconnu.
LâĂ©lĂ©ment nĂ©gatif de tous les systĂšmes politiques est quâils ne sont pas sous le contrĂŽle du peuple, ce qui signifie que leurs relations avec les citoyens dĂ©pendent de la volontĂ© des gouverneurs. Auparavant, la possibilitĂ© dâautoritarisme de la part du gouvernement autoritaire Ă©tait considĂ©rablement limitĂ©e par les traditions du gouvernement, notamment grĂące au haut niveau dâĂ©ducation des monarques et de lâaristocratie, leur maĂźtrise de soi basĂ©e sur les codes religieux et moraux, ainsi que la position de lâĂ©glise, mais aussi le danger des rĂ©voltes populaires.
Ă lâĂšre moderne, ces facteurs ont disparu ou leur rĂŽle a Ă©tĂ© considĂ©rablement rĂ©duit. Par consĂ©quent, limiter le pouvoir des actions abusives, garantir la protection des citoyens contre les abus de lâĂtat ne peut ĂȘtre assurĂ© que par la forme dĂ©mocratique de gouvernement. Les peuples, qui sont prĂȘts Ă garantir la libertĂ© et la responsabilitĂ© individuelles, Ă limiter leur Ă©goĂŻsme, Ă respecter les droits de lâhomme et les lois, la dĂ©mocratie crĂ©e vraiment les meilleures conditions pour le dĂ©veloppement individuel et social, la rĂ©alisation des valeurs humaines â libertĂ©, Ă©galitĂ©, Ă©quitĂ©, crĂ©ation sociale.
Les partis politiques et le leadership dans le contexte du systĂšme politique de la RĂ©publique de Moldova
Afin de rĂ©pondre au rĂŽle du leader politique dans la direction dâun parti, en particulier dans le cas de la RĂ©publique de Moldova, nous devons prendre en considĂ©ration les facteurs gĂ©opolitiques qui ont influencĂ© la sociĂ©tĂ© respective. Ă savoir, les facteurs, qui ont largement dĂ©terminĂ© le dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s respectives en gĂ©nĂ©ral, et qui ont Ă©galement influencĂ© les partis politiques, qui apparaissent Ă©videmment comme un miroir des relations sociales de lâenvironnement dans lequel ils existent. Cependant, comme il est difficile dâessayer de mettre en Ćuvre les valeurs sociales dans un environnement qui depuis des siĂšcles est entiĂšrement basĂ© sur dâautres valeurs, quelle que soit leur apprĂ©ciation du point de vue de lâune ou de lâautre idĂ©ologie, Ă©galement, lâactivitĂ© et le fonctionnement des partis politiques sont basĂ©s sur les rĂšgles et coutumes qui rĂ©gissent la sociĂ©tĂ© in integrum.
CaractĂ©risant le fonctionnement et le systĂšme de gestion des partis politiques en RĂ©publique de Moldova, nous devons tenir compte des facteurs gĂ©opolitiques susmentionnĂ©s, mais Ă©galement des Ă©vĂ©nements qui se sont produits tout au long de lâhistoire, qui ont fortement influencĂ© la vie socioĂ©conomique et politique dans cette rĂ©gion, y compris le facteur religieux et laĂŻque.
La RĂ©publique de Moldova, qui est devenue un sujet de droit international en aoĂ»t 1991, dans le cadre du processus de dĂ©mantĂšlement de lâexâURSS, mais aussi conformĂ©ment Ă la disposition de la Constitution de lâURSS de 1977 (dĂ©nommĂ©e brejneviste), selon laquelle les rĂ©publiques de lâUnion avaient le droit Ă lâautodĂ©termination (le critĂšre constitutionnel a donc Ă©tĂ© respectĂ©), nous devons reconnaitre quâelle nâavait pas eu des traditions de vie politique, peutâĂȘtre Ă lâexception de la pĂ©riode 1918â1940, pĂ©riode pendant laquelle elle faisait partie du Royaume de Roumanie, et donc avec une activitĂ© des partis politiques de la Roumanie rĂ©pandue sur ce territoire. MĂȘme cette courte pĂ©riode aurait pu laisser certaines empreintes dans la vie politique dâun territoire, que lâempire tsariste avait appelĂ© la Bessarabie, et lâURSS identifiĂ© comme la RĂ©publique SoviĂ©tique Socialiste Moldave, mais avec lâobtention de lâindĂ©pendance en 1991, il est connu comme la RĂ©publique de Moldova, seulement que, malheureusement, la rĂ©occupation de ce territoire par lâURSS en 1940 puis en 1944, a eu pour effet lâĂ©migration massive de lâintellectualitĂ©, dont la plupart des militants politiques appartenaient, et ceux qui sont restĂ©s ont Ă©tĂ© jugĂ©s ou dĂ©portĂ©s dans les camps de SibĂ©rie et du Kazakhstan.
De toute Ă©vidence, avec lâincorporation de ce territoire Ă lâURSS (nous nâabordons pas cette question du point de vue du droit international, car elle reprĂ©sente un thĂšme particulier), le systĂšme politique de la mĂ©tropole y a Ă©galement Ă©tĂ© mis en place, le Parti communiste de lâURSS devenant ainsi le seul parti politique lĂ©gal avec sa filiale le Parti communiste de la RSSM, avec une structure et un systĂšme de fonctionnement centralisĂ©s et strictement hiĂ©rarchisĂ©s, de sorte que personne ne pouvait parler de concurrence au niveau politique, y compris de lâapparition de nouveaux dirigeants politiques.
Parmi les effets de la « perestroĂŻka » dans notre cas, nous soulignons lâannulation de la « fameuse » disposition constitutionnelle, qui prĂ©voyait le rĂŽle du PC de lâURSS dans la vie politique, crĂ©ant ainsi de rĂ©elles conditions pour lâĂ©mergence du multipartisme. La RĂ©publique de Moldova nâa pas fait exception non plus, Ă la suite des Ă©lections lĂ©gislatives de 1989, la nouvelle formation politique â le Front populaire obtient la victoire. Avec la dĂ©claration dâindĂ©pendance, nous avons assistĂ© Ă un processus naturel â lâĂ©mergence de plusieurs partis politiques essayant de se consolider dans la vie sociale de la sociĂ©tĂ© nouvelle.
Comme les dirigeants des nouveaux groupes politiques reprĂ©sentaient parfaitement la sociĂ©tĂ©, nous ne pouvions pas nous attendre Ă la construction et au fonctionnement des partis politiques respectifs selon le modĂšle occidental, en particulier europĂ©en. Toutefois, nous devons Ă©mettre une rĂ©serve, comme mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, les Ătats dâEurope Centrale, ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© dâau moins une pĂ©riode limitĂ©e de pluripartisme, ont rĂ©implĂ©mentĂ© sans grande difficultĂ© les bonnes pratiques dont ils avaient bĂ©nĂ©ficiĂ© pendant lâentreâdeuxâguerres. Cependant, ce fait a influencĂ©, mĂȘme si indirectement, lâacceptation des nouvelles formations dans les grandes familles politiques europĂ©ennes, quâelles soient dâorientation de droite ou de gauche.
Un autre aspect qui caractĂ©rise ou du moins a caractĂ©risĂ© le systĂšme politique de la RĂ©publique de Moldova est lâabsence dâune approche conceptuelle classique des doctrines qui sousâtendent le fonctionnement des partis. MĂȘme si du point de vue des dĂ©clarations et des dispositions statutaires, qui sont gĂ©nĂ©ralement respectĂ©es in integrum, du point de vue de la promotion des valeurs dĂ©clarĂ©es, la situation laisse beaucoup Ă dĂ©sirer. Ce nâest pas seulement la faute des dirigeants politiques, ils sont, comme je lâai mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, le miroir dâune sociĂ©tĂ© largement patriarcale.
A propos, les changements dans le systĂšme Ă©lectoral en 1993, lorsquâil est passĂ© au scrutin proportionnel, refusant le scrutin uninominal appliquĂ© aux Ă©lections prĂ©cĂ©dentes, mĂȘme si les arguments Ă©taient dâune autre nature, avaient Ă©tĂ© fondĂ©s plutĂŽt sur le « moi patriarcal » des chefs des partis politiques. Ce nâest rien de nouveau, si on se rappelle que les partis politiques en RĂ©publique de Moldova sont associĂ©s Ă leurs dirigeants, et mĂȘme les membres du parti ne connaissent souvent pas plus de 5 Ă 10 personnes, qui constituent le staff du parti respectif. Cela a Ă son tour crĂ©Ă© une idĂ©ologie paradoxale â le parti est associĂ© Ă son chef, et les sympathies par rapport Ă lâun des partis reflĂštent le niveau et le degrĂ© de « popularitĂ© » du leader politique parmi ses partisans. Ou, dans de telles circonstances, parler dâun fonctionnement dĂ©mocratique de lâactivitĂ© dâun tel parti est pratiquement impossible ou du moins difficile.
Dâautre part, la situation crĂ©Ă©e influence Ă©galement la «vie active» de ces partis politiques. Le caractĂšre « momentanĂ© » de lâintĂ©rĂȘt ou de « lâennui » de la sociĂ©tĂ© envers une seule et mĂȘme personne, a conduit Ă la disparition progressive, totale ou partielle, des formations au pouvoir depuis un certain temps. Câest lâhistoire du Parti DĂ©mocratique Agraire, du Parti ChrĂ©tienâDĂ©mocrate, du Parti Communiste, du Parti LibĂ©ral, du Parti LibĂ©ralâDĂ©mocrate, sans parler dâun grand nombre de petits partis, qui continuent dâĂȘtre dirigĂ©s par certains politiciens, qui finalement nâont pas pu se rĂ©aliser dans la vie politique, mais aussi ils nâont pas acceptĂ© une rĂ©forme de ses structures, ni offrir la possibilitĂ© Ă une nouvelle gĂ©nĂ©ration politique de proposer des idĂ©es, mais aussi avec de nouveaux personnages, fait qui conduit gĂ©nĂ©ralement Ă attirer les sympathisants des indĂ©cis ou des jeunes, qui, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, sont apolitiques.
Le DDR comme mécanisme de la justice transitionnelle à la lumiÚre des effets de la démocratisation du fonctionnement du systÚme politique dans les sociétés en transition
Lâinstitution DDR (dĂ©mocratisation, dĂ©mobilisation, rĂ©intĂ©gration) fait partie des instruments de la justice transitionnelle. Dans le contexte dans lequel on envisage la justice transitionnelle dans une formule large, sans ĂȘtre limitĂ©s pas Ă ses engagements classiques, tels que lâinstitution des Commissions de VĂ©ritĂ© et de Conciliation, lâexamen conceptuel des Ă©vĂ©nements produits, la poursuite des personnes coupables dâatrocitĂ©s, lâamnistie, la lustration, etc., le DDR peut influencer positivement le processus de dĂ©mocratisation du multipartisme dans une telle sociĂ©tĂ©. Cependant, nous connaissons des exemples oĂč les forces rebelles, dans le cadre du processus de conciliation, sont acceptĂ©es dans la formule des partis politiques, le rĂŽle de chef Ă©tant gĂ©nĂ©ralement conservĂ© par lâancien commandant militaire. Le cas de la Colombie, lorsquâun rĂ©fĂ©rendum national avait Ă©tĂ© organisĂ© en automne 2016 pour mettre en Ćuvre le processus de conciliation, et lorsque parmi les conditions figurait lâaccord sur la transformation du groupe armĂ© rebelle ayant combattu pendant plus de trois dĂ©cennies contre les autoritĂ©s centrales, en âun parti politique, est lâexemple parfait.
Si nous y regardons de prĂšs, nous pouvons voir que parmi les objectifs de la justice transitionnelle figure la rĂ©forme des institutions publiques, tĂąche qui, en lâabsence dâune rĂ©elle concurrence entre les partis politiques, peut ĂȘtre assez difficile. Cependant, dans ce cas, lâaccent est mis sur la rĂ©forme du systĂšme politique (par exemple, une nouvelle Constitution, des mĂ©canismes de sĂ©paration des pouvoirs), du systĂšme judiciaire et des forces de sĂ©curitĂ© (police, services secrets et armĂ©e). La rĂ©forme de ces structures vise Ă restaurer lâEtat de droit et le monopole de lâĂtat en matiĂšre dâutilisation de la force, ainsi quâĂ favoriser le contrĂŽle dĂ©mocratique de ces institutions.
Les processus de purification, les connaissances sur le licenciement ou le filtrage dans un processus de recrutement sont directement liĂ©s Ă la rĂ©forme du systĂšme dâassurance des droits de lâhomme, du systĂšme politique, de sorte que ceux qui sont activement impliquĂ©s dans la commission de violations graves, aient une interdiction dâexercer les fonctions publiques. Le processus de dĂ©nazification en Allemagne, le licenciement des policiers et des juges en Bosnie, ainsi que le filtrage dans un processus de recrutement, applicable dans les Ătats qui entament la dĂ©mocratisation de la sociĂ©tĂ©, sont des exemples explicites de purification.
De cette façon, le concept de DDR, applicable aux sociĂ©tĂ©s postâconflit, pourrait ĂȘtre proportionnĂ© mĂȘme dans le cas de la conception de la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former le systĂšme politique, notamment en ce qui concerne les partis politiques, dans le cadre dâun large dialogue, avec la participation des acteurs internationaux participants au suivi de la vie politique des Ătats, y compris avec les dĂ©mocraties fragiles. La question principale est â les acteurs externes, en particulier les acteurs internationaux, veulentâils soutenir un tel processus ou pour eux, il est prĂ©fĂ©rable de monitoriser les sociĂ©tĂ©s divisĂ©es et de soutenir lâun ou lâautre leader, selon lâintĂ©rĂȘt du moment ?
Le rĂŽle des partis politiques, y compris de leurs dirigeants, doit ĂȘtre envisagĂ© beaucoup plus largement que de le concevoir Ă la seule lumiĂšre du renforcement du systĂšme multipartite. Il sâagit en particulier des sociĂ©tĂ©s qui tentent dâaccĂ©lĂ©rer les rĂ©formes dĂ©mocratiques, qui garantiraient le bon fonctionnement des principales institutions dâun Ătat de droit, catĂ©gorie dont la RĂ©publique de Moldova est incluse. Cependant, les garanties de nonârĂ©pĂ©tition sont essentielles pour lutter contre lâimpunitĂ© en cas de violation des droits de lâhomme, mais aussi du droit humanitaire, notamment pour sâimposer efficacement aux causes profondes des conflits et de la rĂ©pression. Dans le cas oĂč ils sont une forme de rĂ©paration, ils rĂ©pondent Ă©galement Ă dâautres objectifs, visant Ă les empĂȘcher de se reproduire.
En mĂȘme temps, ils sâinscrivent dans une perspective de lâavenir, car ils servent les intĂ©rĂȘts de lâensemble de la sociĂ©tĂ© et pas seulement des victimes. Dans le contexte de la justice transitionnelle, on sâattend de la rĂ©forme institutionnelle Ă des garanties de nonârĂ©pĂ©tition, visant la rĂ©forme des structures et des institutions de lâĂtat ayant admis ou encouragĂ© les violations respectives. Et une telle garantie en lâabsence dâune rĂ©elle concurrence entre les partis politiques, qui ont lâobligation dâassurer de maniĂšre transparente le bon fonctionnement des institutions de lâEtat de droit, est difficile Ă assurer.
De toute Ă©vidence, de telles garanties ne peuvent exister que du point de vue dâune sociĂ©tĂ© qui est au dĂ©but de la voie de la mise en Ćuvre des institutions dĂ©mocratiques, un systĂšme dans lequel les partis politiques ont un rĂŽle particulier. On fait Ă©galement rĂ©fĂ©rence aux sociĂ©tĂ©s sortant dâun conflit, quel que soit leur nature, quâil sâagisse dâun conflit armĂ© ou politique. Cela Ă©tant, par exemple, la RĂ©publique de Moldova, avec regret, a dĂ» et devrait essayer de consolider sa sociĂ©tĂ© Ă©tant bouleversĂ©e par les deux formes de conflit.
La vĂ©ritĂ© est quâil existe des exemples positifs, lorsque la participation active des partis politiques, y compris de leurs dirigeants, augmente la confiance de la population, mais offre Ă©galement la possibilitĂ© de lâĂ©mergence de nouveaux dirigeants politiques, comme, par exemple, le cas de lâIrlande du Nord, qui aprĂšs 30 ans de conflit, avait pu changer la situation avec la signature de lâaccord dit du « Vendredi Saint » en 1998. La pratique nous montre, y compris dans le cas de lâIrlande du Nord, que les rĂ©formes politiques, qui Ă leur tour, assurent la dĂ©mocratisation de la sociĂ©tĂ©, au sens large du terme, nĂ©cessitent un soutien international, y compris du point de vue du cadre normatif Ă caractĂšre de recommandation.
Ainsi, par exemple, selon le principe 36 de lâensemble de principes pour lutter contre lâimpunitĂ©, « les Ătats doivent prendre toutes les mesures nĂ©cessaires, y compris entreprendre des rĂ©formes lĂ©gislatives et administratives, pour faire en sorte que les institutions publiques soient organisĂ©es de sorte Ă respecter l`Ă©tat de droit et de protĂ©ger les droits de l`homme ».1
Il est donc du devoir des Ătats dâouvrir des enquĂȘtes, de garantir lâindĂ©pendance et lâimpartialitĂ© du pouvoir judiciaire, de soumettre les forces civiles et de sĂ©curitĂ© Ă un contrĂŽle civil, de mettre en place des procĂ©dures de dĂ©pĂŽt des plaintes et de formation des fonctionnaires concernĂ©s dans le domaine des droits de lâhomme, des formes dâassurance du fonctionnement des principales institutions Ă©tatiques dans le cadre de la garantie du niveau de dĂ©mocratisation de la sociĂ©tĂ©. Cependant, il est indiquĂ© dans les observations sur les principes actualisĂ©s que la rĂ©forme institutionnelle doit ĂȘtre « globale » pour ĂȘtre « le fondement dâune justice durable ».2
En consĂ©quence, la rĂ©forme institutionnelle doit se concentrer non seulement sur la transformation structurelle des institutions publiques qui ont participĂ© (activement ou passivement) Ă la violation des droits de lâhomme, des principes dĂ©mocratiques qui assurent le bon fonctionnement dâune sociĂ©tĂ©, mais, avant tout, de cibler les causes profondes des conflits ou de la rĂ©pression pour prĂ©venir de futures violations.
La rĂ©forme institutionnelle est un aspect essentiel de la justice transitionnelle car elle peut entraĂźner des changements structurels. Cependant, câest lâune des zones les moins Ă©tudiĂ©es et les moins exploitĂ©es. Ă lâheure actuelle, des efforts ont Ă©tĂ© faits en particulier en ce qui concerne le contrĂŽle de la sĂ©curitĂ©, la rĂ©forme du secteur de la sĂ©curitĂ© et de la lĂ©gislation, sans parvenir pratiquement Ă dâautres structures et lois qui ont peutâĂȘtre influencĂ© la rĂ©pression et les conflits. LâexpĂ©rience montre que le contrĂŽle de la sĂ©curitĂ©, la rĂ©forme du secteur de la sĂ©curitĂ© et de la lĂ©gislation sont nĂ©cessaires, mais que dâautres mesures pourraient ĂȘtre importantes. Etant donnĂ© que plusieurs fois les garanties ont acquis une dĂ©finition large, elles sont capables de contenir et dâĂȘtre conçues de maniĂšre trĂšs rigoureuse, elles peuvent largement agir sur les causes profondes des violations des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels. Du point de vue politique, la tĂąche ne semble pas facile, mais les acteurs de la justice transitionnelle doivent bien comprendre lâintĂ©rĂȘt de ces dimensions et quelles sont les meilleures façons de les prendre en compte.
Conclusion
En conclusion, on peut voir que le caractĂšre autoritaire des dirigeants des partis politiques, qui conduit gĂ©nĂ©ralement Ă la perte de contrĂŽle sur la situation, y compris la cote du parti, et dans le cas de ceux qui sont au gouvernement et la perte du contrĂŽle sur la situation dans le pays, joue un rĂŽle prĂ©judiciable et influence nĂ©gativement le dĂ©veloppement du systĂšme de concurrence au niveau des partis politiques, ce qui Ă son tour fait obstacle Ă la promotion et Ă la mise en Ćuvre des rĂšgles du jeu et des bonnes pratiques applicables dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, mĂȘme en tenant compte de toutes ses lacunes. Non autrement, mais on rappelle les paroles du grand politicien britannique Winston Churchill, qui a dĂ©clarĂ© que la dĂ©mocratie est la pire forme de gouvernement, mais quâune meilleure nâa pas Ă©tĂ© inventĂ©e.
De toute Ă©vidence, la formation de la classe politique, y compris des dirigeants politiques, ne peut se produire dans un endroit vide, car cela prend du temps et des traditions. On ne peut pas appliquer certaines rĂšgles du jeu dont la conception a Ă©tĂ© liĂ©e Ă des conflits armĂ©s, Ă des compromis au niveau de lâĂ©lite de la sociĂ©tĂ©, Ă la conception de la nĂ©cessitĂ© de rĂšgles nĂ©gociĂ©es dans lâintĂ©rĂȘt des parties, etc., dans une sociĂ©tĂ© sans traditions dĂ©mocratiques du fonctionnement dâun systĂšme multipartite, qui, entre autres, impose lâobligation morale dâĂ©couter et dâĂȘtre entendu.
Malheureusement, la sociĂ©tĂ© occidentale nâa pas pris ce facteur en considĂ©ration, attendant des nouvelles dĂ©mocraties un comportement appropriĂ© aux sociĂ©tĂ©s qui ont traversĂ© une longue pĂ©riode Ă©volutive de respect et de la garantie des valeurs dâune sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique.
La vĂ©ritĂ© est que la phrase prononcĂ©e par le Premier ministre britannique Benjamin Disraeli reste dâactualitĂ©, que lâAngleterre nâa pas dâamis Ă©ternels, mais aussi pas dâĂ©ternels ennemis, lâAngleterre a des intĂ©rĂȘts Ă©ternels ! Ainsi, Ă notre avis, les politiciens continuent de se guider selon la maxime romaine classique « divide et impera » ! A vrai dire, dans le contexte oĂč une sociĂ©tĂ© a la chance de bĂ©nĂ©ficier de dirigeants politiques avec un niveau de maturitĂ© politique appropriĂ© Ă celui de lâOccident, il est certain que la communautĂ© internationale changera de comportement par rapport Ă une telle sociĂ©tĂ©. Alors, la question Ă©ternelle se pose â quel est le rĂŽle plus prĂ©fĂ©rable dâun leader politique â autoritaire ou organisationnel et charismatique? La rĂ©ponse est Ă©vidente ?!
1 United Nations, Econ. & Soc. Council, Commân on Human Rights, Updated Set of Principles for the Protection and Promotion of Human Rights through Action to Combat Impunity, U.N. Doc. E/CN.4/2005/102/Add.1 (Feb. 8, 2005) http://hrlibrary.umn.edu/instree/HRâprotection2005.html (consultĂ© le 16.11.2019).
2 Promotion et protection des droits de l`homme. ImpunitĂ©. Rapport de l`experte independante chargee de mettre a jour l`Ensemble de principes pour la lutte contre l`impunitĂ©, Mme Diane Orentlicher https://documentsâddsâny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G05/111/04/PDF/G0511104.pdf?OpenElement (consultĂ© le 16.11.2019).
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