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La faiblesse du régime politique moldave

Corina Cojocaru-Ulianovschi, Doctor ßn Drept al Universităƣii Paris I Sorbona, cercetătoare post-doctorală ßn cadrul Institutului European al Universităƣii din Geneva

Dacă de la adoptarea Legii fundamentale a Republicii Moldova, sistemul politic Ɵi juridic instituit prin adoptarea Constituƣiei ün 1994, a pus bazele unui mod de guvernămñnt corelativ-prezidenƣial, urmare a modificării constituƣionale din iulie 2000, Republica Moldova are un regim parlamentar cu un mod de guvernămñnt de cabinet. Atñt Constituƣia din 1994, cñt Ɵi cea modificată ün 2000, legitimitatea căreia lasă loc pentru diverse interpretări, dat fiind faptul că nu a fost supusă votului popular (nici ün 1994 Ɵi nici ün 2000), suferă de numeroase lacune Ɵi carenƣe constituƣionale, deoarece proiectul constituƣional adoptat ün mare grabă ün 1994 a fost elaborat Ɵi constituit ün baza unui „mimetism constituƣional ad-hoc” inspirat din Constituƣiile altor state, fără a determina mai üntñi coloana vertebrală a unei Legi fundamentale Ɵi anume identificarea regimului politic (parlamentar sau prezidenƣial) Ɵi al modului de guvernămñnt (de cabinet sau corelativ-prezidenƣial) Ɵi fără a ne raporta la alte state post-comuniste care au acelaƟi tip de sistem politic Ɵi mod de guvernămñnt ca Ɵi RM. În elaborarea unui nou mecanism constituƣional ar trebui să se ƣină cont de practica Ɵi prevederile constituƣionale ale statelor din Europa Centrală Ɵi Orientală care au cunoscut, ca Ɵi RM actualmente, o dublă tranziƣie: de la comunism la democraƣie Ɵi de la structurile naƣionale la cele europene. Imperativ pentru RM este instituirea unei noi Constituƣii, üntr-o nouă Republică, ce ar evita pe viitor orice tip de “ping-pong constituƣional” üntre puterile Ɵi instituƣiile statului, asigurñnd stabilitatea politică atñt de necesară procesului de modernizare economică a ƣării prin adoptarea unui nou regim parlamentar cu un mod de guvernămñnt corelativ-prezidenƣial (ƞef de Stat ales prin vot direct, cu acordarea unui drept de veto suspensiv ce poate fi anulat printr-o majoritate parlamentară calificată, Prim-ministru Ɵi fiecare membru al Cabinetului de miniƟtri responsabili pentru puterea executivă ün mod colectiv Ɵi individual,atñt ün faƣa Parlamentului, cñt Ɵi ün faƣa PreƟedintelui ƣării, control parlamentar sporit, moƣiune de cenzură constructivă după modelul Germaniei sau al Ungariei, acordarea unui drept de iniƣiativă legislativă electoratului către cel puƣin 1/10 din cetăƣenii cu drept de vot, conform modelului Letoniei Ɵi Albaniei).

Cuvinte cheie: revizuire constituțională, drept constituțional, drept parlamentar, regim politic, mod de guvernămĂąnt de cabinet, corelativ-prezidențial, dizolvarea Parlamentului, moțiune de cenzură, alegerea ƞefului Statului, vot direct, vot indirect, democrație, republică parlamentară, ping-pong constituțional, prerogative legislative, vot de Ăźncredere, moțiune de cenzură constructivă, executiv bicefal, regim parlamentar monist, regim parlamentar dualist, criză guvernamentală, criză constituțională.

La RĂ©publique de Moldavie est un cas « hybride » parce que ce pays a connu plusieurs types de rĂ©gimes politiques en 23 ans d’indĂ©pendance (rĂ©gime prĂ©sidentiel (1991-1994), « correctif prĂ©sidentiel » (1994-2000) et rĂ©gime parlementaire (2000-2014) avec la plus longue crise constitutionnelle de l’Europe Centrale et Orientale entre les annĂ©es 2009-2012 et une crise politique et gouvernementale entre fĂ©vrier et mars 2013. La Moldavie se trouve dans un climat d’incertitude politique Ă  cause de sa Constitution, il fallait que le Parlement dispose de pouvoirs forts, non seulement dans la Constitution, mais Ă©galement dans la pratique. La tendance est par ailleurs au dĂ©clin du rĂŽle de Chef de l’Etat, oĂč le pouvoir exĂ©cutif « de jure » reste bicĂ©phale, mais « de facto » c’est que le Gouvernement qui met en Ɠuvre le pouvoir exĂ©cutif. En effet, cette analyse de droit comparĂ©, inhĂ©rente au processus de transformation et consolidation des institutions de l’Etat, fait apparaĂźtre un double aspect du droit constitutionnel, dĂ©fini non seulement en rĂ©fĂ©rence Ă  l’objectif dĂ©mocratique, mais aussi en fonction de la rĂ©alitĂ© du cadre d’adoption, d’application et d’interprĂ©tation de la Constitution. C’est la raison pour laquelle nous avons soulignĂ© dans cette Ă©tude la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©vision de certaines dispositions constitutionnelles en RĂ©publique de Moldavie et d’une redĂ©finition des intĂ©rĂȘts des acteurs politiques, pour faire prĂ©valoir le primat du juridique sur le politique en renforçant le rĂŽle de la Cour constitutionnelle au nom de la dĂ©fense de la Constitution et pour assurer un rĂ©gime parlementaire viable, fondĂ© sur une collaboration rĂ©elle des pouvoirs oĂč l’exĂ©cutif ne se manifeste pas comme le maĂźtre absolu du travail lĂ©gislatif.

Une inévitable révision constitutionnelle

La RĂ©publique de Moldavie a Ă©tĂ©, dans les derniĂšres annĂ©es, l’un des pays d’Europe Centrale et Orientale parmi les plus instables1
. et les plus incompris.

IndĂ©pendante depuis la chute de l’URSS, la RĂ©publique de Moldavie tient toujours debout, malgrĂ© la grave crise institutionnelle qu’elle traverse. Ce petit État de 4 millions d’habitants, enclavĂ© entre la Roumanie Ă  l’Ouest et l’Ukraine Ă  l’Est, fruit d’une histoire mouvementĂ©e, mĂ©rite Ă  notre sens de constituer un objet d’étude.

Ce petit pays, qui a obtenu de l’ex-URSS son indĂ©pendance en 1991, a connu un rĂ©gime prĂ©sidentiel dans les annĂ©es 1990/1992, puis, dans les annĂ©es 1992/2000, un rĂ©gime “à correctif prĂ©sidentiel” et Ă  partir de 2001 un rĂ©gime parlementaire. A la suite de la modification constitutionnelle adoptĂ©e en 2000, la Moldavie a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un rĂ©gime parlementaire avec un gouvernement de cabinet, renforçant « de jure » les prĂ©rogatives du lĂ©gislatif.

Cette rĂ©vision constitutionnelle Ă  la fois ambiguĂ« et imprĂ©cise a suscitĂ© l’apparition d’une grave et longue crise politique et constitutionnelle, dĂ» Ă  l’incapacitĂ© du Parlement Ă  Ă©lire un nouveau PrĂ©sident de la RĂ©publique aprĂšs trois Ă©lections lĂ©gislatives consĂ©cutives. La solution retenue en Moldavie n’est pas unique en son genre, du point de vue du droit constitutionnel comparĂ©, mais elle prĂ©sente des spĂ©cificitĂ©s. Dans la majoritĂ© des pays europĂ©ens les prĂ©sidents sont Ă©lus au suffrage direct2. Cela Ă©tant, dans de nombreux pays, surtout d’Europe Centrale et Orientale, le PrĂ©sident est Ă©lu par le parlement3. Dans certains pays, la majoritĂ© absolue est nĂ©cessaire4 tandis que d’autres pays vont jusqu’à exiger une majoritĂ© qualifiĂ©e5. Malte est le seul pays dans lequel une majoritĂ© relative au premier tour est jugĂ©e suffisante. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les Constitutions prĂ©voient des rĂšgles relatives aux tours suivants de l’élection prĂ©sidentielle si le quota requis n’est pas obtenu au premier tour. En Moldavie, le nombre de candidats est limitĂ© Ă  deux lors du tour suivant; l’exigence d’une majoritĂ© des trois cinquiĂšmes n’en demeure pas moins inchangĂ©e6.

Trois Ă©lections lĂ©gislatives consĂ©cutives et un rĂ©fĂ©rendum non concluant, tout cela du fait d’une Ă©lection de PrĂ©sident de la RĂ©publique n’aboutissant pas. Les rĂ©sultats des derniĂšres Ă©lections lĂ©gislatives du 28 novembre 2010 n’ont pas changĂ© la situation politique; la crise moldave est devenue plus grave parce que la Constitution est devenue non fonctionnelle.

CoincĂ©e par la question de la lĂ©gitimitĂ© et de la fonctionnalitĂ© de la Loi fondamentale de l’Etat et par une situation postĂ©lectorale sans prĂ©cĂ©dent, l’élite politique moldave se penche sur la rĂ©vision de la Constitution ou le changement dĂ©finitif du rĂ©gime politique qui est devenu vraiment trĂšs faible. Mais quel est le meilleur rĂ©gime politique pour ce petit pays qui a connu pendant 23 ans de dĂ©mocratie plusieurs types de rĂ©gimes politiques ? Cette problĂ©matique sur le meilleur rĂ©gime politique et le plus efficace mode de gouvernement reprĂ©sente la « pierre angulaire » du systĂšme politique moldave, ce que dĂ©termine l’apparition des crises constitutionnelles et gouvernementales.

A cause d’impossibilitĂ© d’élire le PrĂ©sident de la RĂ©publique et Ă  cause de l’imperfectibilitĂ© de la Constitution moldave en vue d’assurer une stabilitĂ© politique et constitutionnelle (Ă  savoir ici les dissolutions multiples du Parlement) pendant les derniĂšres annĂ©es la Moldavie a demander plusieurs fois l’opinion de la Commission de Venise pour l’interprĂ©tation de la Constitution . Les prĂ©rogatives constitutionnelles qui doivent ĂȘtre modifiĂ©es d’une maniĂšre impĂ©rative et les solutions possibles pour l’avenir de la dĂ©mocratie moldave reprĂ©sentent les raison pour lesquelles on a dĂ©cidĂ© de publier cet article.

En considĂ©rant que la Loi fondamentale moldave se caractĂ©rise par multiples carences constitutionnelles, et que par consĂ©quent elle est devenue non fonctionnelle dans une situation de crise considĂ©rĂ©e comme la plus longue crise gouvernementale de l’Europe, nous nous proposons dans cet article d’aborder le problĂšme de la rĂ©forme constitutionnelle en Moldavie et d’examiner les amendements nĂ©cessaires pour Ă©viter de nouvelles crises ou impasses politiques.

Cette situation tendue et instable en Moldavie a Ă©tĂ© crĂ©e par l’absence d’un compromis entre l’Alliance gouvernementale (I, II, III) et l’opposition communiste, ainsi que par un « corpus » constitutionnel qui s’est montrĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es plutĂŽt dĂ©faillant.

Comme nous l’avons dĂ©jĂ  prĂ©cisĂ©, la Moldavie est une RĂ©publique parlementaire monocamĂ©rale dirigĂ©e plus tĂŽt par le Premier ministre. Celui-ci est nommĂ© par le PrĂ©sident de la RĂ©publique qui est lui-mĂȘme Ă©lu par le Parlement Ă  une majoritĂ© de 61 siĂšges (parmi les 101 dĂ©putĂ©s) depuis 2001, car, autrefois, celui-ci Ă©tait Ă©lu par le peuple au suffrage universel.

Durant cette pĂ©riode de crise, l’élite politique moldave s’est penchĂ© sur l’idĂ©e de changer “les rĂšgles de jeu pendant le jeu”, c’est-Ă -dire de rĂ©viser la Constitution et d’instituer l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel direct par un rĂ©fĂ©rendum populaire. La question qui se pose est de savoir si l’élite politique moldave a le dĂ©sire de changer la Constitution et comment les autoritĂ©s moldaves vont rĂ©viser la Loi fondamentale de l’Etat : par un compromis au sein du Parlement, ou par un referendum populaire? Peu importe quel sera le mĂ©canisme juridique et institutionnel qui permettra cette modification aprĂšs les Ă©lections lĂ©gislatives de 2014, il est nĂ©cessaire de crĂ©er un nouveau cadre pour assurer un Ă©quilibre rĂ©el entre les pouvoirs de l’État. Pour remĂ©dier Ă  cette fĂącheuse situation, il est important d’analyser les articles de la Constitution moldave qui mĂ©ritent d’ĂȘtre rĂ©visĂ©s et de prĂ©senter des exemples concrets des autres pays Ă  cet Ă©gard aprĂšs avoir consulter et analyser les Constitutions de 17 pays de l’Europe Centrale et Orientale. On croit que la Moldavie a besoin d’une Ă©quipe des experts en droit constitutionnel pour Ă©laborer un Projet de rĂ©vision constitutionnelle en se basant sur l’expĂ©rience des autres pays post-communistes de l’Europe Centrale et Orientale, car la dĂ©mocratie parlementaire de la RĂ©publique de Moldavie est trĂšs jeune et ce pays ne peux pas utiliser un mimĂ©tisme constitutionnel de l’Europe Occidentale parce que dans ces pays la tradition de la dĂ©mocratie parlementaire date depuis des siĂšcles.

MĂȘme si la Constitution moldave de 1994 nĂ©cessite plusieurs modifications, y compris, dans le premier et deuxiĂšme titre, dans cet article on va analyser que les prĂ©rogatives constitutionnelles du troisiĂšme titre « Les autoritĂ©s publiques ». Donc, aprĂšs avoir analysĂ© et consultĂ© plusieurs Constitutions des certains pays europĂ©ens, je propose une nouvelle rĂ©daction pour la pluparts des articles du troisiĂšme titre et notamment :

La nouvelle rĂ©daction de l’article 61 de la Constitution (« L’élection du Parlement ») devrait inclure les dispositions suivantes :

« (1) Le Parlement est Ă©lu pour un mandat de quatre ans, qui peut ĂȘtre prolongĂ© par une loi organique, lors d’un Ă©tat de guerre ou de catastrophe, jusqu’à la cessation de ces Ă©vĂ©nements.
(2) 
La date des Ă©lections des dĂ©putĂ©s doit ĂȘtre fixĂ© au moins 3 mois avant l’expiration du mandat ou au plus tard 60 jours aprĂšs la dissolution de la lĂ©gislature prĂ©cĂ©dente.
(3) Le Parlement est Ă©lu dans des circonscriptions électorales au suffrage universel, Ă©gal, direct et secret en vertu du systĂšme établi dans le CodĂ© Ă©lectoral ». Il faut prĂ©ciser ici qu’il n’y a pas lieu d’inclure dans la Constitution le type de systĂšme Ă©lectoral, car ce systĂšme peut ĂȘtre modifiĂ© par une loi organique et fait l’objet de la Loi concernant le Code Ă©lectoral. En mĂȘme temps,
il faut ajouter dans cet article un nouveau paragraphe concernant la pĂ©riode exacte relative Ă  l’organisation et au dĂ©roulement des Ă©lections lĂ©gislatives, de mĂȘme qu’il faut prĂ©ciser la procĂ©dure prĂ©vue pour l’organisation des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es. Au paragraphe suivant, il est nĂ©cessaire de proposer une autre prĂ©rogative concernant la date exacte pour l’organisation des Ă©lections lĂ©gislatives et pour des Ă©lections anticipĂ©es : « (4) Les Ă©lections ont lieu le dernier dimanche du mois dans lequel s’est produite l’élection prĂ©cĂ©dente. En cas d’élections anticipĂ©es, les Ă©lections seront fixĂ©es pour le dernier dimanche du mois au cours duquel elles  doivent ĂȘtre organisĂ©es.

(5) L’organisation et le dĂ©roulement des Ă©lections sont dĂ©terminĂ©s par une loi organique.
(6) Les membres du Parlement peuvent ĂȘtre des citoyens moldaves  dĂšs l’ñge de 21 ans ».

L’article 64 « L’organisation du Parlement » doit inclure un autre paragraphe concernant le nombre permis de Vice-prĂ©sidents du Parlement, par exemple : « Chaque groupe parlementaire a le droit de proposer un candidat pour la fonction de vice-prĂ©sident et son nombre ne doit pas dĂ©passer 4 personnes ».

Une autre remarque est liĂ©e Ă  la durĂ©e du mandat parlementaire. Il est nĂ©cessaire d’introduire soit Ă  l’actuel article 69 « Le mandat de dĂ©puté » dans un troisiĂšme paragraphe, soit dans un article sĂ©parĂ©, une nouvelle disposition constitutionnelle concernant le nombre d’annĂ©e pour une lĂ©gislature. Par exemple, nous pouvons introduire un troisiĂšme paragraphe Ă  l’article 69 de la maniĂšre suivante : 3). Le mandat parlementaire dure quatre ans Ă  partir de la validation du mandat par la Cour constitutionnelle et jusqu’aux suivantes Ă©lections lĂ©gislatives (un cycle astronomique de 4 ans). Dans le cas des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es le mandat de dĂ©putĂ© devrait ĂȘtre calculĂ© Ă  partir des premiĂšres Ă©lections lĂ©gislatives cycliques et non pas Ă  partir de la validation des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es. La RĂ©publique de Moldavie peut reprendre l’article 13 de la Constitution lettone qui prĂ©voit que « lorsque le Parlement est issu d’élections anticipĂ©es, son mandat ne couvre pas toute la durĂ©e normale de la lĂ©gislature. Celui-ci expire Ă  la convocation du nouveau parlement, le premier mardi de novembre, trois ans aprĂšs le scrutin anticipé ». Par exemple, le mandat du Parlement letton Ă©lu en septembre 2011 (aprĂšs des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es) arrivera donc Ă  Ă©chĂ©ance le 4 novembre 2014.

Une autre prĂ©rogative constitutionnelle « Le droit d’initiative » (article 73) doit ĂȘtre modifiĂ© de façon favorable pour les institutions d’Etat et la sociĂ©tĂ© civile. En effet dans la Constitution de 1994, le peuple n’avait pas le droit d’initiative lĂ©gislative, mais ce droit est accordĂ© aux dĂ©putĂ©s, au PrĂ©sident de la RĂ©publique, au Gouvernement et Ă  l’AssemblĂ©e populaire de l’unitĂ© territoriale autonome de Gagauzie. Le nouvel amendement Ă  cet article devrait englober les prĂ©rogatives suivantes :

1). Le droit d’initiative lĂ©gislative appartient aux membres du parlement, au gouvernement et Ă  au moins 20.000 citoyens avec le droit de vote, ainsi qu’aux autoritĂ©s reprĂ©sentatives et dĂ©libĂ©ratives des unitĂ©s administratives territoriales Ă  statut particulier.

Par ailleurs, la procĂ©dure de promulgation des lois doit aussi faire l’objet d’une rĂ©vision. Le nouveau texte de l’article 74 peut ĂȘtre rĂ©sumĂ© en quatre paragraphes :

1) Le Président de la République promulgue les lois dans un délai maximum de 12 jours à partir de leur adoption.

2) AprĂšs une consultation avec le Gouvernement et ce dans un dĂ©lai de 12 jours, le PrĂ©sident de la RĂ©publique est habilitĂ© à soumettre les articles d’une loi au Parlement pour rĂ©examen.

3) Le PrĂ©sident de la RĂ©publique peut demander, avant de promulguer la loi, le contrĂŽle de sa constitutionnalitĂ©, qui sera effectuĂ© dans un dĂ©lai maximum de 30 jours. Dans le cas oĂč la Cour constitutionnelle dĂ©clare la loi, ou une partie de celle-ci, inconstitutionnelle, le PrĂ©sident a le droit de renvoyer la dite loi au Parlement  pour la rĂ©examiner.

4) Le Parlement peut maintenir la dĂ©cision adoptĂ©e antĂ©rieurement mais avec une majoritĂ© de trois cinquiĂšme des voix. Dans ce cas, ou dans le cas oĂč, en temps utile, la Cour constitutionnelle a confirmĂ© la constitutionnalitĂ© de la loi, le PrĂ©sident de la RĂ©publique est obligé de promulguer la loi dans un dĂ©lai de trois jours.

Il faut mentionner que, dans le cas oĂč la nouvelle Constitution moldave n’offrira pas le droit d’initiative lĂ©gislative au Chef de l’Etat, il sera, alors, nĂ©cessaire d’introduire le droit de veto suspensif au PrĂ©sident de la RĂ©publique pour le cas oĂč la Cour constitutionnelle dĂ©clarerait le projet de loi anticonstitutionnel. En mĂȘme temps, il serait opportun d’introduire la majoritĂ© qualifiĂ©e au Parlement pour adopter une loi ayant fait l’objet d’un veto prĂ©sidentiel. Il faut  d’ailleurs mentionner que un tel cas se retrouve en RĂ©publique tchĂšque (article 50, paragraphe 2 de la Constitution).

Le fameux article 78 de la Constitution « L’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique », qui a fait l’objet du rĂ©fĂ©rendum du 5 septembre 2010, nĂ©cessite plusieurs prĂ©cisions si la Moldavie garde le mĂȘme mode d’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique (par le Parlement). Mais, la possibilitĂ© d’assister Ă  un changement du rĂ©gime politique en Moldavie existe, car l’actuel mode de gouvernement s’est rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre inefficace, instable et greffĂ© de lacunes. Cet article a fait l’objet d’un rĂ©fĂ©rendum populaire initiĂ© par l’Alliance gouvernementale I (AIE I), mais ce rĂ©fĂ©rendum n’a pas Ă©tĂ© validĂ©. Il existe plusieurs possibilitĂ©s de changer cet article : soit l’élite politique moldave garde le mĂȘme rĂ©gime parlementaire avec un mode de gouvernement de cabinet, apportant des modifications substantielles aux plusieurs articles de la Constitution pour Ă©viter Ă  l’avenir les crises politiques et les carences constitutionnelles, soit la majoritĂ© parlementaire moldave dĂ©cident de passer Ă  un mode de gouvernement « semi-prĂ©sidentiel », c’est-Ă -dire un mode de gouvernement « à correctif prĂ©sidentiel », ce que signifie de changer complĂštement l’actuelle Constitution et de l’approuvĂ©e par le rĂ©fĂ©rendum populaire, mais seulement aprĂšs les Ă©lections lĂ©gislatives de 2014.

L’opposition communiste plaide pour le maintien de l’actuel mode de gouvernement et mĂȘme certains partis politiques du actuel Gouvernement partagent aussi la mĂȘme idĂ©e. Si la Moldavie reste encore un rĂ©gime parlementaire avec un Chef de l’Etat Ă©lu au suffrage indirect, alors, en vue d’éviter une autre crise politique et constitutionnelle du Ă  l’incapacitĂ© du Parlement Ă  Ă©lire le PrĂ©sident de la RĂ©publique, l’article 78 de la Constitution doit ĂȘtre modifiĂ© soit s’inspirant de l’article 87 de la Constitution albanaise (la dissolution du Parlement aprĂšs cinq tours Ă©chouĂ©s de l’élection du PrĂ©sident, des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es s’organisent, en cas d’échec de l’élection prĂ©sidentielle, des nouvelles Ă©lections anticipĂ©es sont organisĂ©es, le nouveau Parlement peut Ă©lire le PrĂ©sident de la RĂ©publique avec une majoritĂ© simple de suffrages) ou soit reprenant certaines prĂ©rogatives de l’article 97 de la Constitution estonienne. Le nouveau article 78 « L’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique » de la Constitution moldave peut ĂȘtre rĂ©digĂ© de la maniĂšre suivante :

1) Le PrĂ©sident de la RĂ©publique est Ă©lu par le Parlement ou, dans le cas fixĂ© Ă  l’alinĂ©a 4 du prĂ©sent article, par une AssemblĂ©e Ă©lectorale.

2) Le droit de présenter un candidat à la présidence de la République appartient à au moins un cinquiÚme des membres du Parlement.

3) L’élection ordinaire du PrĂ©sident de la RĂ©publique a lieu au plus tĂŽt soixante jours et au plus tard dix jours avant l’expiration du mandat du PrĂ©sident de la RĂ©publique en place, ou soixante jours en cas de vacance de siĂšge.

4) Tout citoyen moldave de naissance ĂągĂ© d’au moins trente cinq ans et qui parle la langue officielle du pays peut ĂȘtre prĂ©sentĂ© comme candidat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique.

5) Le Président de la République est élu au scrutin secret au suffrage indirect. Chaque membre du Parlement a une voix.

6) Est Ă©lu le candidat qui a rĂ©uni les voix d’au moins trois cinquiĂšmes des membres du Parlement.

7) Si aucun des candidats n’obtient la majoritĂ© requise, un second tour de scrutin est organisĂ© le jour suivant. Avant le second tour, une nouvelle prĂ©sentation des candidats est organisĂ©e. Au minimum deux candidats doivent se prĂ©senter aux Ă©lections. Si aucun des candidats n’obtient la majoritĂ© requise lors du second tour de scrutin, un troisiĂšme tour est organisĂ© le mĂȘme jour entre les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix lors du second tour. Si le PrĂ©sident de la RĂ©publique n’est alors toujours pas Ă©lu, le PrĂ©sident du Parlement convoque, dans le dĂ©lai d’un mois, une AssemblĂ©e Ă©lectorale pour Ă©lire le PrĂ©sident de la RĂ©publique.

8) L’AssemblĂ©e Ă©lectorale est composĂ©e des membres du Parlement et des reprĂ©sentants des conseils locaux ou collectivitĂ©s territoriales.

9) Chaque conseil local Ă©lit au moins un reprĂ©sentant, qui doit ĂȘtre un citoyen moldave, Ă  l’AssemblĂ©e Ă©lectorale.

10) Le Parlement prĂ©sente Ă  l’AssemblĂ©e Ă©lectorale comme candidats au poste de prĂ©sident, les deux candidats ayant reçu le plus grand nombre de voix au Parlement. Vingt un membres au moins de l’AssemblĂ©e Ă©lectorale ont Ă©galement droit de proposer un candidat Ă  la prĂ©sidence.

11) L’AssemblĂ©e Ă©lectorale Ă©lit le PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă  la majoritĂ© des voix des membres de l’AssemblĂ©e Ă©lectorale qui sont prĂ©sents. Si, lors du premier tour, aucun des candidats n’est Ă©lu, un second tour est organisĂ© le jour mĂȘme entre les deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de voix. Les procĂ©dures complĂ©mentaires de l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique sont fixĂ©es par la loi sur l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique.

Si les dĂ©putĂ©s moldaves dĂ©cident de changer le mode d’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique par le suffrage direct, le nouvel article 78 peut ĂȘtre rĂ©digĂ© de la façon suivante :

1) Le Président de la République de Moldavie est élu au suffrage universel, égal, direct, secret et librement exprimé.

2) La date de l’organisation des Ă©lections prĂ©sidentielles est Ă©tablie au moins trois mois avant l’expiration du mandat ou au plus tard 60 jours en cas de vacance de siĂšge.

3) L’élection du PrĂ©sident a lieu le dernier dimanche du mois au cours duquel s’est dĂ©roulĂ©e l’élection prĂ©cĂ©dente. En cas d’élections anticipĂ©es, le jour d’élection sera fixĂ© le dernier dimanche du mois dans lequel les Ă©lections doivent ĂȘtre organisĂ©es.

4) Peut ĂȘtre Ă©lu PrĂ©sident de la RĂ©publique de Moldavie tout citoyen ayant le droit de vote, qui le jour de l’élection, a atteint l’ñge de 35 ans7 (mais non 40 comme le prĂ©voit l’actuelle Constitution), qui a rĂ©sidĂ© sur le territoire de la RĂ©publique de Moldavie depuis au moins 10 ans et qui parle la langue officielle du pays.

5) Est dĂ©clarĂ© Ă©lu le candidat qui a obtenu la majoritĂ© des votes des Ă©lecteurs qui ont participĂ© aux Ă©lections. Si aucun candidat n’a obtenu cette majoritĂ©, un second tour est organisĂ© entre les deux meilleurs candidats par ordre de nombre de votes exprimĂ©s au premier tour. Est dĂ©clarĂ© Ă©lu le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix. Si, aprĂšs la nouvelle Ă©lection, le PrĂ©sident de la RĂ©publique de Moldavie n’est pas Ă©lu, le PrĂ©sident en exercice dissout le Parlement et fixe la date des Ă©lections lĂ©gislatives.

6) La procĂ©dure d’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique de Moldavie est prĂ©vue par une loi organique.

Il est important Ă  souligner que la pluparts des citoyens moldaves soutiennent l’idĂ©e d’avoir un Chef de l’Etat Ă©lu par le peuple. En ce qui concerne les pouvoirs et les fonctions du PrĂ©sident de la RĂ©publique, les voix sont divisĂ©es, certains plaident pour un renforcement du rĂŽle du Premier ministre, certains souhaitent d’attribuer une forte lĂ©gitimation et un rĂŽle important dans l’exercice du pouvoir exĂ©cutif au Chef de l’Etat.

A l’article 80 « La durĂ©e du mandat prĂ©sidentiel », paragraphe 4, il faut ajouter les suivants :

4). Nul ne peut ĂȘtre Ă©lu Ă  la fonction de PrĂ©sident de la RĂ©publique pour plus de deux mandats. (La constitution de 1994 stipulait : «Nul ne peut exercer la fonction de PrĂ©sident de la RĂ©publique plus de deux mandats consĂ©cutifs»).

L’article 81 « Les incompatibilitĂ©s et les immunitĂ©s » peut ĂȘtre rĂ©digĂ© de maniĂšre suivante :

(3) Au cours de son mandat, le PrĂ©sident de la RĂ©publique de Moldavie ne peut pas ĂȘtre membre d’un parti politique. (On retrouve cette prĂ©rogative constitutionnelle en Estonie (article 84), en Albanie (article 89) et, en Hongrie (article 30/1)).

L’actuel article 85 « Dissolution du Parlement » exige plusieurs modifications. Les nouvelles prĂ©rogatives dans la future Constitution moldave doivent englober, par exemple, les modifications suivantes :

Le Parlement peut ĂȘtre dissous au cas oĂč:

— Le gouvernement n’est pas formĂ© et la procĂ©dure d’adoption des lois est bloquĂ©e plus de trois mois. En pareil cas, le PrĂ©sident, aprĂšs des consultations avec les groupes parlementaires, peut dissoudre le Parlement.

— Le Parlement peut ĂȘtre dissous si aucun vote de confiance n’a Ă©tĂ© accordĂ© pour former le gouvernement dans un dĂ©lai de 45 jours Ă  partir de la premiĂšre demande et, seulement, aprĂšs le rejet d’au moins deux nominations.

— Le Parlement doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dissous si le PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă  l’occasion d’un rĂ©fĂ©rendum organisĂ© Ă  l’initiative du Parlement en vue de le rĂ©cuser, a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un vote favorable Ă  son maintien.

— Le Parlement doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme auto — dissous s’il a Ă©tĂ© incapable d’élire le PrĂ©sident de la RĂ©publique selon l’article 78 « Election du PrĂ©sident » dans un dĂ©lai maximum de 2 mois aprĂšs la validation des Ă©lections lĂ©gislatives et de 60 jours aprĂšs l’expiration du prĂ©cĂ©dent mandat prĂ©sidentiel8.

— Au cours de l’annĂ©e, le Parlement peut ĂȘtre dissous qu’une seule fois. Un an aprĂšs la dissolution du Parlement, le PrĂ©sident de la RĂ©publique fait promulguer un dĂ©cret sur la dissolution et fixe la date des nouvelles Ă©lections comportant un dĂ©lai de 3 jours aprĂšs la dĂ©cision de la Cour constitutionnelle justifiant la dissolution du Parlement.

— Le Parlement ne peut ĂȘtre dissous dans les 6 derniers mois du mandat du PrĂ©sident de la RĂ©publique, ou durant une pĂ©riode de guerre, un Ă©tat de mobilisation, ou d’urgence.

La nouvelle Constitution moldave doit contenir une nouvelle disposition concernant la cessation de la fonction de Premier ministre ou d’un ministre. Par exemple :

1) La fonction de membre du gouvernement prend fin en cas de dĂ©mission, de licenciement, d’incompatibilitĂ© ou de dĂ©cĂšs.

2) Le Premier ministre et les ministres doivent avoir le droit de retrouver leur siĂšge au Parlement s’ils quittent leurs mandats de Chef de cabinet ou de membre du cabinet. C’est le cas, par exemple, en Lettonie oĂč un dĂ©putĂ© a le droit d’abandonner son siĂšge durant son mandat de Premier ministre ou de ministre et peut le retrouver s’il quitte ce poste.

L’article 105 « Questions et interpellations » doit englober un autre paragraphe concernant les modalitĂ©s des interpellations. Il est nĂ©cessaire de prĂ©ciser dans cet article si le gouvernement tout entier peut ĂȘtre remis en question par les dĂ©putĂ©s et si les ministres peuvent ĂȘtre interpellĂ© sĂ©parĂ©ment par les dĂ©putĂ©s (dans ce cas, il faut spĂ©cifier le nombre minimum de dĂ©putĂ©s exigĂ© en vue de proposer une interpellation), Ă  titre d’exemple on peut citer le cas de la Lettonie (article 25 de la Constitution).

L’article 106 « Vote de dĂ©fiance » exige aussi quelques changements, par exemple :

1) Le Parlement peut exprimer sa défiance au Gouvernement de la République, au Premier ministre ou à un ministre par une résolution adoptée à la majorité absolue.

2) L’initiative de la dĂ©fiance Ă  l’encontre du Gouvernement ou du Premier ministre peut ĂȘtre proposĂ©e par au moins un quart des membres du Parlement, mais pour un ministre, l’initiative de la dĂ©fiance peut ĂȘtre proposĂ©e, par au moins, un tiers des dĂ©putĂ©s.

3) La dĂ©fiance pour les mĂȘmes motifs ne peut ĂȘtre exprimĂ©e au plus tĂŽt que trois mois aprĂšs le vote de dĂ©fiance prĂ©cĂ©dent. Le vote de dĂ©fiance ne peut intervenir au plus tĂŽt que deux jours aprĂšs la prĂ©sentation de la rĂ©solution, Ă  moins que le Gouvernement n’ait demandĂ© un vote plus rapprochĂ©.

4) En cas de dĂ©fiance exprimĂ©e Ă  l’égard du Gouvernement ou du Premier ministre, le PrĂ©sident de la RĂ©publique, sur proposition du Gouvernement, peut, dans les trois jours, dĂ©cider l’élection anticipĂ©e du Parlement.

5) En cas de dĂ©fiance exprimĂ©e Ă  l’égard d’un ministre, le Parlement la notifie au PrĂ©sident de la RĂ©publique, qui rĂ©voque le ministre.

Une autre prĂ©rogative constitutionnelle qui mĂ©rite d’ĂȘtre modifiĂ©e est le droit de proposer la rĂ©vision de la Constitution (l’article 141). La nouvelle rĂ©daction de cet article peut ĂȘtre libellĂ©e de maniĂšre suivante :

1) La rĂ©vision de la Constitution peut ĂȘtre engagĂ©e par:

a)  au moins 200.000 citoyens moldaves ayant droit de vote. La procĂ©dure pour mettre en place l’initiative populaire de rĂ©vision de la Constitution est Ă©tablie par une loi organique;

b) au moins un tiers des députés au Parlement;

c) le Président de la République de Moldavie;

d) le gouvernement.

2) Le projet de Loi constitutionnelle doit ĂȘtre accompagné par l’avis de la Cour constitutionnelle.

Il est absolument nĂ©cessaire de modifier certaines dispositions constitutionnelles conformĂ©ment Ă  la procĂ©dure de rĂ©vision prĂ©vue par la Constitution moldave de juillet 1994 prĂ©voyant la possibilitĂ© d’abroger cette Constitution et d’en rĂ©diger une autre. Nous considĂ©rons qu’une rĂ©elle rĂ©forme constitutionnelle empĂȘcherait, dans le futur, de nouvelles impasses politiques en Moldavie. Il faut changer les « rĂšgles du jeu », et ne pas laisser perdurer entre les partis reprĂ©sentĂ©s au Parlement le « ping-pong constitutionnel » entre le Parlement moldave et la Cour constitutionnelle. La Moldavie a vĂ©cu une pĂ©riode difficile, Ă©tant sans Chef de l’Etat depuis le printemps 2009 et ce jusqu’au le 16 mars 2012 ; c’est alors que 62 dĂ©putĂ©s (de l’Alliance pour l’IntĂ©gration EuropĂ©enne, du dĂ©putĂ© indĂ©pendant Mihai Godea et du groupe parlemenntaire de Igor Dodon), ont votĂ© finalement pour le candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles — Nicolae Timofti qui Ă©tait alors prĂ©sident du Conseil SupĂ©rieur de la Magistrature (CSM).

Le rĂŽle diminuĂ© de la Cour constitutionnelle et l’ignorance des dĂ©cisions de cette instance suprĂȘme par les principaux acteurs de la scĂšne politique ont provoquĂ© en Moldavie l’installation d’une grave crise politique, constitutionnelle et socio-Ă©conomique, rarement vue dans les autres pays d’Europe Centrale et Orientale.

Cette crise politique provient d’une part du fait qu’aucun candidat Ă  la fonction suprĂȘme — ni celui proposĂ© par les communistes, ni celui de l’Alliance pour l’intĂ©gration europĂ©enne, au pouvoir dans le pays — n’a pu rĂ©unir les 3/5 des voix de la majoritĂ© parlementaire requise pour Ă©lire le Chef de l’Etat et d’autre part des consĂ©quences de l’instabilitĂ© politique au Parlement et de l’absence de compromis rĂ©el entre les forces parlementaires qui ont tentĂ© d’assurer une majoritĂ© parlementaire.

En définitive, cette crise politique et constitutionnelle a en quelque sorte servi de leçon aux autorités moldaves, qui se sont rendu compte que la Loi fondamentale nécessitait un changement aussi bien dans la forme, que de dans le contenu.

En conclusion, on peut estimer que la crise politique et constitutionnelle de la Moldavie est considĂ©rĂ©e par certains chercheurs comme une caractĂ©ristique spĂ©cifique aux pĂ©riodes de transition dĂ©mocratique, mais quand une simple crise se transforme en une crise complexe qui a durĂ© plus de deux ans dĂ©jĂ , les consĂ©quences ont Ă©tĂ© nombreuses et graves. L’instabilitĂ© politique et Ă©conomique par laquelle passe la RĂ©publique de Moldavie peut soulever, en cas de pĂ©rennisation de cette situation aprĂšs les suivantes Ă©lections lĂ©gislatives des questions sur la lĂ©gitimité et l’efficacitĂ© du gouvernement actuel. Comme l’avait dit un savant russe, A. V. Mazurov « il ne faut pas oublier ce que signifie le mot crise en Chine oĂč le premier hiĂ©roglyphe de ce mot signifie « un grand danger » et le second sens — «occasion favorable »9, mais comme l’avait dit l’acadĂ©micien renommĂ© roumain (d’origine moldave) Constantin Stere : « Il ne peut pas exister un texte de Constitution idĂ©ale pour tous les pays et tous les temps, mais la plus dĂ©testable des constitutions, partout et toujours, serait celle imposĂ©e par l’abus de pouvoir d’un parti politique »10. Nous espĂ©rons ne pas connaĂźtre un tel abus en Moldavie si ce pays adoptait une nouvelle Constitution. Il faut donc rappeler encore une fois la nĂ©cessitĂ© d’organisation d’un rĂ©fĂ©rendum pour lĂ©gitimer la nouvelle Loi Fondamentale moldave.

1 La Moldavie, pays Ă  majoritĂ© roumanophone considĂ©rĂ© comme le plus pauvre d’Europe, est situĂ©e entre l’Ukraine et la Roumanie. Un conflit y reste non rĂ©solu avec la rĂ©gion sĂ©paratiste de Transnistrie, une petite bande de territoire comptant 500.000 habitants, qui a gagnĂ© avec le soutien de la Russie une courte guerre d’indĂ©pendance aprĂšs l’effondrement de l’URSS, en 1991. L’indĂ©pendance autoproclamĂ©e de la Transnistrie n’est pas reconnue par la communautĂ© internationale.

2 Voir les rĂšgles applicables en Autriche, au Belarus, en Bosnie-HerzĂ©govine, en Bulgarie, Ă  Chypre, en Croatie, en Finlande, en France, en Irlande, en Lituanie, en Pologne, au Portugal, en Roumanie, en Russie, en Serbie, en Slovaquie (aprĂšs une Ă©lection prĂ©alable par le Conseil national Ă  la majoritĂ© des trois cinquiĂšmes), en SlovĂ©nie et dans «l’ex-RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine».

3 Albanie, Estonie, Hongrie, Lettonie, RĂ©publique tchĂšque, GrĂšce, Italie et Turquie.

4 Estonie, Lettonie et RĂ©publique tchĂšque.

5 Albanie (majorité des trois cinquiÚmes), Hongrie (majorité des deux tiers), Turquie (majorité des deux tiers), GrÚce (majorité des deux tiers) et Italie (majorité des deux tiers).

6 On trouve des solutions analogues (confirmant le quota et envisageant la dissolution du Parlement au cas oĂč la majoritĂ© requise ne serait pas obtenue) en Albanie (article 87 de la Constitution) et en GrĂšce (article 32 de la Constitution). Dans d’autres systĂšmes, le PrĂ©sident peut ĂȘtre Ă©lu Ă  la majoritĂ© absolue (comme en Turquie, article 102, paragraphe 3 de la Constitution) ou Ă  la majoritĂ© relative au deuxiĂšme tour ou Ă  un tour suivant des Ă©lections (par exemple en Italie, article 83, paragraphe 3 de la Constitution, en Hongrie, article 29 B, paragraphe 4 de la Constitution du 20 aoĂ»t 1949, amendĂ©e par la Loi n° XXXI du 23 octobre 1989).

7 La Loi sur l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique de 1996, abrogĂ©e en 2000, Ă  cause de l’entrĂ©e en vigeur de la nouvelle Loi sur Ă©lection du PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă  la suite du changement du mode de gouvernement, prĂ©voyait (Ă  l’article 1, paragraphe 2) l’ñge minim de 35 ans pour le candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles. Par exemple en France, le PrĂ©sident de la RĂ©publique doit ĂȘtre ĂągĂ© d’au moins 18 ans, aux Etats-Unis, seul un citoyen amĂ©ricain de plus de 35 ans peut ĂȘtre candidat, tandis qu’en Italie, le candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles doit avoir 50 ans.

8 L’actuelle Constitution ne prĂ©voit pas un dĂ©lai ou un terme raisonable pour l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Cette lacune constitutionnelle a fait l’objet de nombreuseses interppelations Ă  la Cour constitutionnelle moldave pendant la crise politique de la pĂ©riode 2009—2012.

9 A. V. Mazurov, ĐšĐŸĐœŃŃ‚ĐžŃ‚ŃƒŃ†ĐžŃ Đž ĐŸĐ±Ń‰Đ”ŃŃ‚ĐČĐ”ĐœĐœĐ°Ń праĐșтоĐșĐ°, ĐœĐŸŃĐșĐČĐ°, Đ§Đ°ŃŃ‚ĐœĐŸĐ” праĐČĐŸ/La constitution et la pratique sociale, Moscou, Droit privĂ© 2004, p. 80

10 Constantin Stere, Curs de Drept ConstituĆŁional (Litografiat)/Cours de Droit constitutionnel (LithographiĂ©s), 1910, La BibliotĂ©que de l’AcadĂ©mie des Sciences de Roumanie, p.279.